3 octobre 1992 – Bernard Degaute, Michel Plasschaert, Thierry Normand et Francine Moulin signent les documents à la base de la création du musée
Le Musée Noël Carlier ou Naissance d’une asbl
Le hasard
Juin 1992. Deux amateurs du vieux Stambruges (Thierry Normand et l’auteur du présent article) ont décidé d’aller filmer les métiers du village : ceux d’aujourd’hui et aussi les vestiges de ceux d’hier. En ce bel après-midi estival ils rendent visite à Madame Francine Mouliné dont le père tenait la distillerie Saint Servais en activité jusqu’à la fin des années soixante. Au cours de cette interview une révélation inattendue : si notre interlocutrice est la fille d’un commerçant qui a permis à plus d’un Stambrugeois de passer un moment agréable elle est aussi la petite-fille de Noël Carlier un photographe qui s’installa à Stambruges la fin du siècle dernier.
D’emblée, l’importance de cette découverte nous fait un peu oublier notre but initial, d’autant plus que nous allons de surprise en surprise au fur et à mesure que nous sont présents‚ tous les objets que l’artiste a laissés derrière lui.
D’abord ce qui pourrait apparaître au profane comme une serre bien ordinaire mais qui est en fait un studio de photographie tel qu’il existait il y a plus de cent ansé et qui a miraculeusement échappé à la destruction pure et simple. Ce bâtiment mesure environ 12 mètres de long sur 4 de largeur. Le studio proprement dit est orienté d’est en ouest avec une verrière vers le nord pour disposer en tout temps d’une lumière douce et sans ombre. Le photographe dispose de décors peints sur toile; la lumière est modelée par l’interposition de rideaux blancs ou par l’utilisation de grands miroirs montés sur pieds articulés. Cette pièce principale est complétée par une chambre noire et une pièce « technique » où se trouvait une génératrice qui produisait l’électricité nécessaire au bon fonctionnement de toute cette installation.
Ensuite le matériel photographique, aussi bien de prise de vue que de chambre noire, avec notamment deux appareils en bois au format très respectable. L’objectif de l’un d’entre eux porte la mention : « N°9909 Voigtländer & Sohn in Wien und Braunschweig ». Un inventaire sommaire fait encore apparaître un appareil plus récent (pour châssis de format 13×18 cm avec soufflet en cuir) d’origine américaine (Bausch & Lomb), une chambre noire de voyage, des éléments d’un agrandisseur sur rail, une sécheuse alimentée par le gaz ainsi qu’un nombre important d’accessoires les plus divers.
Finalement, à la question de savoir ce qui reste de l’oeuvre de ce photographe ce sont quelques négatifs réalisés sur plaques de verre d’un format allant du 24×30 au 9×12 cm qui nous sont présentés. Mais la fouille minutieuse du « grenier – caverne d’Ali Baba » nous en fera découvrir quelques milliers d’autres.
La nécessité
Un tel trésor devait être sauvegardé. Contact fut pris avec deux autres personnes également passionnées par la photographie et le patrimoine de Stambruges. L’asbl « Musée Noël Carlier » fut créée (1).
Le but de cette nouvelle association est double.
D’abord restaurer et préserver l’oeuvre de l’artiste afin de la présenter au public. Les négatifs ont été nettoyés et le tirage des épreuves est en cours de réalisation. Ce travail, déjà important à lui seul par son ampleur, devrait permettre de découvrir de nouveaux éléments quant à l’histoire de Stambruges. Une ancienne maison a été acquise par l’asbl au coeur même de Stambruges; elle est en cours de rénovation et abritera … la fois matériel et photographies. Un projet de restauration du studio tel qu’il existait il y a cent ans est en cours de réalisation. A notre connaissance, cela ferait de Stambruges le premier endroit de Belgique où existerait un studio de photographie de la fin du siècle dernier (un tel studio existe à Greenfield dans le Michigan aux Etats- Unis mais les musées d’Anvers et de Mont sur Marchienne ne disposent que de reconstitution aux dimensions réduites).
Ensuite archiver les documents (photo, cinéma et vidéo) anciens et actuels concernant notre région afin d’en élaborer par l’image une vue la plus exacte possible. En effet, aujourd’hui est déjà le passé de demain et les membres de l’asbl n’ont jamais oublié le but premier qui était le leur avant même cette découverte. L’association s’est offerte le maximum de possibilités techniques afin de réaliser le meilleur travail dans l’orientation qu’elle s’est fixée au départ.